L’intuition, une boussole intelligente


On entend souvent les personnes s’exclamer :
« Je le savais ! », « Je m’en doutais… » ou « je le sentais venir ! »

« Pressentir », « voir » : le verbe exact n’existe pas vraiment pour décrire cette forme intellectuelle d’intelligence. L‘intuition s’inscrit dans deux catégories de temps :

L’immédiat

Quand nous devons faire un choix devant une route qui se sépare en deux (sans panneau, ni carte, ni GPS, ni réseau). Évidemment, on ne saura qu’au bout du chemin si notre intuition était bonne. Cela demande une décision rapide, et « l’intuition » ici ne s’explique pas toujours. (Le voyageur averti pourra tout de même, sauf s’il pleut, s’appuyer sur l’orientation du soleil à l’heure-h). Mais au milieu de nulle part, vous choisissez de prendre à gauche plutôt qu’à droite. Pourquoi ? Vous ne savez pas pourquoi. Vous le sentez, c’est tout.
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Le durable

Plus cérébral, il repose plutôt sur une intuition d’ordre « visionnaire », issue d’une veille constante et importante qui aura imprégné notre mémoire, notre vision des choses et des contextes. Cette intuition, par exemple sur ce qui va se passer, en projetant même à long terme, est entièrement liée à l’observation permanente tous azimuts du monde et de nos sociétés à travers ce que l’on appelle la veille. Elle est davantage liée à notre expérience, à notre connaissance. Elle permet d’anticiper.

Une troisième dimension, rattachée à l’immédiat (point 1), s’inscrit davantage dans ce que l’on appelle le FOMO, c’est-à-dire la peur de manquer l’affaire (fear of missing the opportunity). Ces réactions de fomo sont très répandues au début des soldes, ainsi par exemple qu’au niveau du trading (crypto-monnaies comprises).

Mais cette attitude relève plus de l’irrationnel et de la compulsivité que de la réelle intuition. Dans le premier cas, elle pousse à se comporter comme des sauvages, même si au bout du compte, l’achat était une affaire, ce qui n’est même pas certain ; dans le second cas, elle peut faire prendre de gros risques (financiers).

À chaque humain d’être assez fort et raisonnable pour éviter de se prendre des portes en jouant aux moutons, entraînés dans un comportement de masse pour le moins irrationnel.

intuition.

Plusieurs qualités contribuent à une intuition intelligente

Sur l’intuition en elle-même, voici une définition du dictionnaire Le Robert :
« idée claire ou confuse, action de deviner, pressentir, comprendre quelque chose d’emblée, sans parcourir les étapes de l’analyse, du raisonnement ou de la réflexion. »

Selon votre personnalité, vous avez plus ou moins d’intuition. Le fait notamment d’arriver à voir le contexte immédiatement dans son ensemble et de se projeter en ayant une vision globale.

Bonne nouvelle pour l’intelligence intuitive, elle n’est pas forcément innée.
Bien entendu ici les qualités requises sont les mêmes que pour la veille. En voici au moins 7 :

– la curiosité avant tout, l’envie de savoir, le plaisir d’apprendre et de comprendre ;
– la lecture : éplucher tout ce qui vous passe sous le nez (merci Internet) ;
– le réflexe de tout lire de recouper les infos (vérifiées), les avis ;
– la sensibilité : le fait d’être une éponge à recevoir ;
– la culture : un bagage culturel permet de comprendre plus vite et de mettre en perspective ;
– le recul (ou de la hauteur) : une position de vigie, d’observateur ;
– la vision holistique : considérer un sujet dans son ensemble ;

Ainsi les qualités de l’intelligence intuitive se voient renforcées par toutes les informations récoltées, lues et recoupées sur une durée conséquente : cela permet une projection mentale.

Les personnes fonctionnant beaucoup avec leur hémisphère droit — hyper émotives ou hypersensibles, ou appelées « zèbres » parfois – sont particulièrement dotées d’intuition. Elles ont la capacité de « voir » en arborescence quasi instantanément.

C’est le cas de votre serviteur, même si l’hémisphère gauche de mon cerveau fonctionne très bien aussi, m’offrant ainsi un équilibre entre les deux. Lorsque je suis concentrée sur un sujet, et que je commence à l’étudier, j’ai très rapidement une vision holistique des solutions qui m’apparaît.

En réunion, par exemple, il suffit qu’un interlocuteur commence trois mots d’une phrase pour deviner ce qu’il va développer ensuite et dont on a en général déjà fait le tour ; d’où un ennui profond qui peut s’installer, sujet à frustration face à ce que l’on considère alors comme une perte de temps (croyez-en mon expérience).

C’est pour cette raison que même en marketing, on devrait beaucoup plus solliciter et bichonner les artistes, créateurs et auteurs que les commerciaux. Je pense que l’on perdrait moins de temps…

Il était une fois, une réflexion sur la notion de « valeur »

Anecdote :

En 2009, j’avais repéré le bitcoin dont j’avais vu passer la naissance fin 2008. J’aurais bien investi alors : mais sur le sujet et dans mon entourage, la majorité était dubitative – soit ils n’en avaient pas entendu parler, soit ils étaient sceptiques. Ils restèrent en retrait et n’investirent donc pas (rappelons que nous étions en pleine crise).
De mon côté, mes poches étaient vides à cette période, à hauteur du moins où j’aurais voulu investir, avec en plus un isolement quant à son application purement technique. L’accès à son acquisition était alors réservé à des geeks et les plateformes de change de crypto-monnaies ne pullulaient pas comme aujourd’hui.
Ce qui fait que j’ai laissé passer ce projet en lequel je croyais, seule sur ce coup-là, dans ma région en tout cas. En plus, je n’étais pas développeuse (je code depuis).
Bref, en 2011, il était encore valable d’investir : à l’époque, j’étais en deuil, freinant tout autre intérêt ou action quelque temps. Le temps passant, je ne m’en suis pas préoccupé avant 2017. La notion d’enrichissement n’étant pas le but de l’histoire, c’est juste pour expliquer le fait que mon intuition à propos du bitcoin était plutôt bonne (tout comme pour l’ethereum)…

Je concède que la progression de la valeur de cette crypto-monnaie relève tout de même d’une certaine folie ; elle a d’ailleurs rechuté en 2013, évoluant par palier.
Aujourd’hui (nous sommes le 15 août 2017) un bitcoin vaut environ 2 600 euros* ; notez qu’il peut fluctuer de quelques centaines d’euros sur une journée. Il n’y a pas plus volatile. Pour les retardataires, cette monnaie se divise en « satochis »…

(Rappel de base : n’investissez que ce que vous pouvez vous permettre de perdre.)

Quelques Américains se sont enrichis en bitcoins sans le faire exprès : l’un d’eux par exemple avait les moyens d’investir et un copain geek dans la Silicon Valley lui ayant indiqué le truc, il le fit sans y croire vraiment. Laissant dormir cet investissement jusqu’à l’oublier. Aujourd’hui, il fait le tour de la terre, pour raconter comme il est devenu, malgré lui, millionnaire. Ou encore l’histoire de ce jeune Norvégien.

Attention, même si cette crypto-monnaie (et les 800 autres altcoins du marché, ripple, nem, stratis, monero, etc.) s’est démocratisée, cela reste très risqué et sujet au yo-yo. C’est là aussi, de la pure spéculation avec les reculs que cela occasionne. Aucune valeur ne peut faire que monter sans cesse ; la fluctuation repose sur différents paramètres (volume des achats et des ventes, mécanismes internes, événements mondiaux…).

On ne sait donc jamais si cela va durer et l’engouement de ce qui est encore « en couveuse » déclenche parfois des comportements irrationnels, induits le plus souvent par la facilité à récolter un bénéfice rapidement (comportement lié à l’amour de l’argent et non à l’argent). De plus, le Bitcoin joue en quelque sorte la locomotive : quand il grimpe, les autres suivent… et inversement.

Sans parler de tous les risques dus à une économie non contrôlée, même si des régulations se mettent en place peu à peu. Car aujourd’hui, intrinsèquement, quelle réelle valeur ont ces monnaies numériques ? Leur spécificité est que leur projet s’autorégule uniquement par l’action de leurs investisseurs, sans autorité supérieure aux manettes (a priori et pas directement).

D’ailleurs la raison pour laquelle ces valeurs explosent rapidement est qu’elles n’ont pas de contrôle, ni de manipulation. Ce en quoi elles peuvent s’éclater librement puisque ce marché n’est pas contrôlé. Enfin et finalement, pour comparer ces valeurs, on s’en remet toujours à l’or.

Cette interview récente d’un banquier suisse (pléonasme ?) est éclairante pour comprendre et anticiper. Des propos assez directs ! Les commentaires aussi sont à lire : https://www.youtube.com/watch?v=N1lFx_8h-_w

En outre, pour vivre en réglant tout uniquement en bitcoins (même un repas au resto), il vaut mieux habiter à San Francisco, en tout cas pour le moment. La France étant comme d’habitude plus lente. Contrairement au Japon.

Il existe néanmoins de plus en plus de plateformes de service en ligne qui propose le bitcoin comme moyen de paiement. À New-York, des crèches s’y mettent.
Quant aux plus populaires, on peut régler en ligne assez facilement maintenant.

Même Apple Store permet à nouveau de payer en Dash (digital cash), le Dash étant une crypto-monnaie différente du Bitcoin, en ce qu’elle est totalement anonyme, avec un protocole auto-régulé et auto-financé. D’un point de vue communautaire, elle me fait penser à Steemit (dont la monnaie virtuelle est le Steem).

Notons que ces monnaies numériques s’inscrivent dans ce que l’on appelle une blockchain (chaîne de blocs), technologie décentralisée qui risque fortement de changer nos modes de gestion à court terme.

L’argent comme motivation ne devrait pas être un but. D’ailleurs en ce qui me concerne, je n’ai pas tout fait pour sauter sur l’affaire à l’époque, ce qui souligne ma non-cupidité. Et Ponzi n’est pas mon ami. De plus, le minage qu’implique « l’extraction » technologique basé ici sur du calcul informatique, par ces nouveaux mineurs donc, est très énergivore, avec un impact néfaste sur l’environnement, notamment pour ce qui est de la méthode proof-of-work. Et la planète, elle, est mon amie.

intution

L’intelligence intuitive au service de valeurs réellement utiles

À ce propos, tous ces projets de coincoins (crypto-monnaies, joke) sont bien beaux – et certains même sont intéressants comme Komodo –, mais j’aimerais bien qu’un geek se penche sur la capacité d’une crypto-monnaie à engager une démarche tech avec un moindre impact environnemental, une communauté qui ferait, je ne sais pas moi, que par solidarité qualitative (vote, achat de coin, implication personnelle d’internautes ?), celle-ci gagne de la valeur chaque fois qu’une solution pour soigner la planète – éviter de détruire ou polluer davantage – aboutit à une action écologique réelle et non plus virtuelle.

Par exemple, on le sait, les data centers nécessitent un refroidissement conséquent et permanent : cela se fait déjà, mais il est vital de développer uniquement des green data centers !

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L’intuition fonctionne si on est ouvert sur le monde et non replié sur soi

Dans tous les cas, se renseigner, écouter et lire beaucoup, sont des réflexes conditionnés au processus de veille.

Cela demande un travail quotidien de réflexion et d’observation, mais aussi de détente du cerveau : il ne faut pas hésiter à… ne rien faire, à laisser son esprit flotter, rêver.

Être ouvert et en éveil, curieux de l’imagination créative des autres qui, comme vous et moi, adorent raconter leur expérience. En gros, il vaut mieux aimer la vie et surtout être heureux.

Quels que soient les projets, les envies, les objectifs, n’oubliez pas de vous écouter, de faire confiance à vos sens ! Avoir une vision holistique du monde, une capacité à imaginer, à relier, à projeter une image mentale globale ne peut que servir la réalisation de votre projet.

Dans l’exemple des crypto-monnaies abordé plus haut, l’intuition envers l’avenir de telle ou telle crypto-monnaie est à prendre avec précaution. Elle devrait être portée par une lecture de toute documentation sur le sujet, même ancienne.

L’histoire de nos sociétés, la situation économique et politique du monde, son fonctionnement : autant d’informations qui viennent nourrir la représentation des évolutions.

Approfondir la teneur des projets développés, reposant en principe derrière chaque « coin », est un impératif. Ensuite, à vous d’en tirer une conclusion et une décision pour anticiper. L’intuition et l’anticipation sont souvent associées.

Remarque : même doté d’une intelligence intuitive, personne n’est devin. Un projet peut toujours rencontrer des obstacles inattendus. Être intuitif, c’est chouette ; être zazen l’est tout autant.

Articles informatifs :
Développer son intelligence intuitive
Histoire d’intuition

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* BTC = 3 600 € à la fin de cette rédaction (15 août 2017).